Des soldats autrichiens dans la bataille
Ce passage est tiré du livre en allemand : "Historique du 53 éme régiment hongrois"
..............Le 16 au matin l'ennemi( les français) attaqua à plusieurs reprises avec trois colonnes.
IL se dirigea avec force vers le centre et notre aile gauche.
Une force supérieure en nombre se concentra tout spécialement sur Wattignies et malgré une défense héroïque,l'issue resta incertaine.
L'attaque de Wattignies reprit de plus belle.
Le Prince de Cobourg fit appel aux deux compagnies Ragy et Haynn en provenance des troupes du blocus,installa la premiére prés de Ferrière la Petite et l'autre sur les hauteurs du village d'Obrechies,afin de s'opposer à l'arrivée des nouvelles colonnes de l'ennemi.
Mais l'ennemi traversa le village et se hissa sur ses hauteurs ou il prit à revers les grenadiers qui se battaient au centre.
Ceux ci furent obligés de reculer par le Bois du Prince;avec pour conséquence le retrait des troupes basées sur les hauteurs d'Obrechies..
Le lieutenant Lutter qui était posté à cet endroit prés du cimetière avec deux canons,arrosa copieusement l'ennemi et ordonna au sous lieutenant Gianadasius Del Rio d'attaquer la colonne ennemie avec 80 volontaires.
Cette attaque courageuse fit échouer la résistance de l'ennemi.
L'ennemi qui ne pouvait controler Obrechies le quitta après l'avoir incendié.........................
Remerciements à Monique S. pour sa traduction.
Chronologie des événements
La Révolution Française commencée le 14 juillet 1789 a balayé sur son passage toutes les institutions existantes, plus rien ne sera jamais comme avant, les pays voisins de la France ou ayant une frontière commune avec elle sont inquiets, toutes ces monarchies ne veulent pas d'une République comme celle de la France et l'arrestation du Roi Louis XVI (16) et de la Reine Marie Antoinette n'arrange rien, pour résumer, la France se retrouve en guerre avec tous ses voisins.
Le Roi est condamné a mort et guillotiné le 21 janvier 1793, la Reine subira le même sort, le matin d'un certain 16 octobre 1793.
La Belgique actuelle n'existe pas en tant qu'état, celle-ci fait partie de l'empire d'Autriche, la France a donc une frontière commune avec ce pays, en l'occurrence la frontière franco belge actuelle, de nombreux combats ont lieu sur cette frontière et l'attaque de différentes places fortes, dont celle de Maubeuge, est au programme des autrichiens.
Le siége de Maubeuge débute le dimanche 29 septembre 1793, les autrichiens occupent toute la région et établissent des lignes de défense en avant de cette ville, les autrichiens sont fortement retranchés sur un axe horizontal allant de Monceau Saint Waast en passant par Wattignies et jusqu'à Beaumont en Belgique actuelle, le village de Wattignies se trouve quasiment à la verticale de Maubeuge vers le sud à environ dix kilomètres.
Le général Jean Baptiste Jourdan, agé de 31 ans, à la tête d'une armée de 45000 hommes et avec seulement 20000 hommes, décide d'attaquer le petit village de Dourlers à l'Ouest de Wattignies pour tenter une percée destinée à délivrer Maubeuge, cette attaque se faisant sur un axe Sud/Nord.
Le mardi 15 octobre 1793, l'attaque de Dourlers est un échec, les grenadiers bohémiens cachés dans le chemin du Monceau, déciment les troupes du général Ballant, il en résulte beaucoup de morts pour un résultat nul, le conventionnel Lazare Carnot envoyé par le comité de salut public pour soutenir l'ardeur guerrière des soldats, décide avec le général Jourdan de revoir leur plan.
Ils décident de contourner les autrichiens à l'Est et de les attaquer à Wattignies ou la configuration du terrain se prête parfaitement à une attaque surprise, le brouillard si courant à cette époque de l'année sera d'une aide précieuse pour masquer le déplacement des troupes.
A 13 heures, le mercredi 16 octobre 1793, la bataille de Wattignies commence, les autrichiens sont bousculés à l'Est du village sur le plateau de Souvergeaux, les combats sont intenses et malgré les escarpements de terrain, les français du général Duquesnoy réussissent l'exploit de gravir ces pentes sous une pluie de balles et de boulets.
Pendant ce temps, à l'Ouest du village, d'autres combats se déroulent au lieu dit 'les Tries' sur la zone du lieu dit 'Glarges' ou les autrichiens se sont repliés à la faveur des bois et des vallons de ce lieu dit, ils y engagent aussi leur cavalerie qui menace la colonne du général Gratien qui est destitué sur le champ de bataille, les français arrivent quand même à progresser vers le bois de Glarges et à chasser les autrichiens vers le village de Beaufort.
Les autrichiens en se maintenant auraient pu gagner la bataille surtout que les anglais du duc d'York venaient à la rescousse en se déplaçant en provenance du village d'Englefontaine, le Prince de Saxe Cobourg décide quand même d'évacuer la région et fait repasser la Sambre à ses troupes ou elles se contentent de stationner à quelques kilomètres de la frontière.
La bataille de Wattignies est une victoire à la Pyrrhus, les autrichiens ne sont pas vraiment battus mais abandonnent le champ de bataille, les français sont donc vainqueurs surtout qu'ils y ont montré leur courage et leur vaillance, mais cette bataille n'est qu'un répit, la bataille de Fleurus le 26 juin 1794 sera décisive et permettra à la France d'annexer les provinces belges et d'éloigner les autrichiens de sa frontière.
Le 17 octobre 1793, les français entrent dans Maubeuge libérée du blocus autrichien, mais l'inaction de la ville pèse sur tous les visages, les 20000 défenseurs de Maubeuge n'ont rien tenté pour attaquer les autrichiens par derrière, le général Chancel paiera malheureusement de sa tête cette erreur.
Son exécution parait tout a fait excessive, vu les moyens de communication qu'il avait a l'époque.
Pouvait-il tenter une sortie avec un blocus de plusieurs milliers de soldats ennemis autour de la ville sans risquer l'investissement de la place ?
La question reste encore aujourd'hui sans réponse.
Cette bataille aura fait 2500 morts coté autrichien et 5000 coté français.
Personne ne sait ou les morts ont été enterrés, leurs corps ont peut être été brûlés.
Un petit musée rassemblant tous les vestiges de cette bataille est visible dans la salle d'honneur de la Mairie de Wattignies la victoire.
Le mystère de la colonne Beauregard
Lorsque j'ai commencé en 2002 les recherches sur cette bataille, je ne m'attendais pas à une telle confusion pour retrouver les traces de combats à l'aile droite de la bataille de Wattignies, en l'occurence, les combats de la colonne du général Beauregard.
Après avoir lu des écrits anciens relatant ces combats, nous n'avons toujours pas pu avoir une certitude sur le ou les emplacements de ces combats.
Le général Beauregard avait environ 5000 hommes sous ses ordres et devait rallier Wattignies pour protéger l'extreme droite du général Duquesnoy.
Les seuls éléments dont on est sur, sont que ces combats furent un échec mais tout est imprécis et confus et il est donc bien difficile de s'y retrouver.
IL existe donc plusieurs hypothèses que je vous présente ici :
Hypothése n°1 : Lieu dit " Le Trou de l'Enfer" à Obrechies
Ce lieu dit comprend un chemin assez étroit en forte pente qui relie le sud Est du village d'Obrechies à la partie Nord Est de ce village.
En 2004, lors d'une sortie détection, nous avons retrouvés sur ce chemin, beaucoup de balles de mousquets indiquant des combats intenses mais aucun indice prouvant que ces traces datent de 1793 surtout que des traces de la guerre 14/18 étaient aussi présents.
L'artillerie de la guerre 14/18 comprenait des obus explosifs qui projetaient des "schrapnells" sorte de balles qui ressemblaient à des balles de mousquets.
Hypothése n°2 : Lieu dit "La Plaine du Paradis" à Quiévelon
Ce lieu dit est situé au Sud Ouest du village de Quiévelon, village proche d'Obrechies.
IL existe dans les archives du village de Quiévelon des documents relatant une "rencontre" entre français et autrichiens sur la plaine du paradis lors de la bataille de Wattignies mais la aussi pas d'indices permettant de dire que ces traces de combats sont ceux de la colonne Beauregard.
Un bouton "république française" vient d'être retrouvé en mai 2013 dans la zone du lieu dit"Le Trou de l'enfer" ce qui confirme que des combats se sont bien déroulés dans cette zone.
Historique des régiments wallons autrichiens
Bien des personnes s'imaginent qu'a partir de l'époque ou la France révolutionnaire s'empara de la Belgique jusqu'a la fin du règne de Napoléon 1er, l'histoire militaire de la Belgique tout entière, se trouve confondue avec l'histoire militaire des français, c'est une erreur.
IL est bien vrai qu'un assez grand nombre de Belges entrèrent dans les rangs de l'armée française pendant les années 1791 et 1792 mais aussi beaucoup d'autres ralliérent le camp autrichien.
IL existait au commencement de l'année 1792, huit corps nationaux wallons autrichiens:
Cinq régiments d'infanterie.
Un régiment de chevau-légers.
Un bataillon de garnison.
Un bataillon de chasseurs.
Ces régiments faisaient partie de l'armée autrichienne et se battaient donc contre la France.
Voici des détails sur ces régiments :
Régiment d'infanterie du général comte de Clerfayt, bizarrement il n'est pas certain que ce régiment ait participé à la bataille de Wattignies alors que son chef y était.
Régiment du Prince Charles de Ligne, le nom "Ligne" est un nom propre et n'a rien à voir avec un régiment de ligne, la aussi ce régiment ne semble pas avoir participé à la bataille de Wattignies.
Régiment d'infanterie du Feld Maréchal Ferdinand Frédéric Auguste de Wurtemberg-Stuttgart.
En 1792 ce régiment était commandé par le Comte Charles Vincent de Gontroeul et a participé à la bataille de Wattignies.
Régiment d'infanterie du général Comte Jean Jacques de Murray de Melgum.
Ce régiment était appelé d'une manière plus commune régiment de Murray.
Commandé depuis 1789 par le colonel Desjardin et a participé à la bataille de Wattignies.
Régiment d'infanterie wallonne Vierset.
Ce régiment n'a pas participé à la bataille de Wattignies.
Régiment de chevau-légers de Latour.
Sur ce régiment un doute subsiste sur sa présence à la bataille, des précisions seront amenées ultérieurement.
Régiment de chasseurs Le Loup.
Ce régiment bénéficiait d'une grande notoriété dans les provinces belgiques et son intrépidité était redoutée par les armées françaises.
Ce régiment n'a pas participé à la bataille de Wattignies.
Régiment de l'Archiduc Joseph François.
Ce régiment rassemblait tous les restes de régiments décimés par les combats.
Ce régiment n'a pas participé à la bataille de Wattignies.
Un autre soldat français dans la bataille
Xavier Vernére, volontaire de 1791, participa à la bataille de Wattignies et son régiment faisait partie de la division Ballant qui attaqua le village de Dourlers le 15 octobre 1793.
Lors du bivouac du 14 octobre 1793, il a été témoin de l'emportement du général Ballant envers son colonel,celui ci ayant été accusé d'avoir mal placé ses troupes avant la bataille du lendemain.
Manifestement ,selon Xavier Vernére, le général Ballant était ivre!!
IL était courant dans toutes les armées françaises, et d'ailleurs de toutes les époques, de se saouler avant la bataille pour se donner du courage.
Même un général de la révolution comme le général Ballant a succombé à cette tentation, les écrits de Xavier Vernére le confirment.
Xavier Vernére conserva une mauvaise impression du général Ballant aprés cette altercation.
Le livre de ce soldat est disponible en téléchargement gratuit sur le site gallica2bnf.fr
Voici le titre du livre :
Cahiers d'un volontaire de 1791
Voila le lien:
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5756551z.r=cahiers+d%27un+volontaire.langFR